Si vous aussi vous tweetez, bloggez, facebookez, tumblrez ou linkdinez, vous vous interrogez peut-être sur la visibilité que peut escompter un truc comme les Canettes sur le web. Emportées par la foule qui les traine, les entraine, les malheureuses ont beau cancaner, tout le monde s’en fout. Le principe du réseau social c’est qu’avant d’être social, il est réseau. Qui dit réseau dit mise en relation, linéaire ou circulaire, et connexion. Ça signifie que vous pouvez relayer ce que vous voulez, délivrer une info dont vous êtes le détenteur à un récepteur libre, suivant la pertinence de l’info considérée, de la relayer à son tour. THE MEDIUM IS THE MESSAGE Le problème –et notre maître à tous, Marshall McLuhan (non, ce n’est pas du wisky) l’avait prédit en son temps- est que The medium is the message. Ou, plus précisément, tend à le devenir. « […] en réalité et en pratique, le vrai message, c’est le médium lui-même, c’est-à-dire, tout simplement, que les effets d’un médium sur l’individu ou sur la société dépendent du changement d’échelle que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de nous-mêmes, dans notre vie. » (Understanding Media, 1964). C’est un renversement de perspective qu’anticipait déjà le sociologue canadien : la substitution du vecteur au contenu comme producteur de sens. Une métonymie inconsciente et néanmoins assumée. Ainsi, la question de savoir si l’on a tweeté ou bloggé –quoi, on s’en fout- devient essentielle et précède celle de la production du message. On communique avant d’informer, on diffuse avant de produire. D’où l’impression de vide intersidéral qui prévaut dans les différents media, peu à même de susciter interrogations et esprit critique chez nous autres, sujets inventifs et incroyablement perspicaces. On l’a vu aux dernières élections mais nul besoin de ressasser de vieilles rancœurs aujourd’hui éculées pour asseoir notre propos. Allons de l’avant. L’EFFET BUZZ Impression de tourner-en-rond, l’info ne devient digne d’intérêt que si elle tweetée et reprise sur les réseaux sociaux. Ça crée des emplois, remarquez. Depuis quelques années se développent des postes de community manager. Etre payé à buzzer, c’est un métier. Si l’on suit McLuhan tout s’explique et l’on comprend comment une nouvelle technologie –le smartphone- et les canaux de diffusion afférents –les réseaux- révolutionnent l’individu et ses priorités. En 2013, Selfie est devenu le mot de l’année. Gageons qu’en 2014 « nombril » lui ravira la palme. Soyez sympa : tweetez ce qui précède, avec un peu de chance ça m’attirera quelques likeurs. Je veux dire quelques lecteurs…